Dalibougou



28 février 2006

Camille, étudiante à Paris, 2 semaines à Dalibougou en 2006

Voyage à Bamako – rencontre avec l’association Sinjiya-Ton en février 2006

Ou comment partir en larguant les amarres pendant un mois pour finalement lâcher l’ancre dans un havre de paix.

Partir en larguant les amarres, ça voulait dire s’engager dans une expérience sans trop rien préparer. Juste un point de chute, une amie vivant à Bamako, et une possibilité d’y rencontrer une association active sur le terrain (Sinjiya-Ton).

Qui suis-je (avant de partir) ? Une étudiante, qui avait envie de voyager en Afrique. Donc un voyage personnel. De financement personnel. Des attentes très limitées puisque pas vraiment de projet, mais plutôt une envie de découverte, d’être « voyageante » plutôt que « voyagée ». Partant pour retrouver une amie européenne, je voulais également prendre le temps de rencontrer des maliens. Le contexte que m’offrait Sinjiya-Ton me paraissait en plus idéal pour agir et comprendre.

Mon premier contact avec Sinjiya-Ton fut Marie-Ange Buclet, présidente de l’association en France. C’est en parlant avec elle que je définis un peu mieux les besoins auxquels je pouvais répondre : soutien scolaire auprès des enfants, projets d’animation, accompagnement dans la vie quotidienne… Tout ceci restait pourtant encore bien flou à mon départ et je n’attendais qu’une prise de contact réelle afin d’appréhender un peu mieux la situation.

Sur place, tout fut tout de suite plus clair. Des enfants encadrés par une équipe d’éducateurs et de professeurs, de femmes et hommes suivant leur vie quotidienne et tout un processus d’écoute et de suivi actif mis à leur disposition pour les sortir des mauvaises habitudes prises dans leur passé proche.

Ma participation à cette grande entreprise fut d’une part un suivi (autant que mon séjour le permit) scolaire de certains des enfants qui le désiraient en proposant des heures de soutien organisés par niveau. Au sein de ces cours, l’âge oblige, les réactions furent tout à fait différentes et les ambiances variant du sérieux modéré au carrément déconcentré. Mais quelque soit le degré de sérieux, une réelle implication à noter de la part de ceux qui venaient et une entraide franchement exemplaire (ourlée d’un peu de rivalité tout de même). J’eu le temps d’aborder quelques points basiques de maths et français, mais pas assez encore pour poursuivre en profondeur. Ce fut par contre l’occasion de découvrir chacun un peu mieux, dans un environnement où les habitants de Dalibougou retrouvent un peu leur place d’enfant et oublient leurs attitudes caïd qui peuvent parfois jaillir en groupe.

Suite à ce soutien, je proposais à Mamadou d’organiser avec les enfants une « soirée cabaret », dont le principe serait que chaque enfant, de son initiative, propose un numéro (chant, théâtre, danse, musique…) afin de composer un grand ensemble pour la soirée. Et c’est là que pris conscience de l’efficacité du mot Sinjiya (fraternité). Chacun fut force de proposition, le spectacle se monta à peu près tout seul. Les enfants, directement concernés, travaillèrent à leurs animations, les accompagnateurs stimulant leur créativité. Le jour même, toute la maison avait contribué à en faire une grande fête, boisson et confiserie pour accueillir les amis des enfants et les voisins du quartier. Cette fête fut aussi une occasion pour les enfants de se produire, face aux autres enfants du quartier qui ne sont pas du tout dans la même situation, mais aussi entre eux, d’échanger leurs savoirs. Et moi dans tout ça je suis sûrement celle qui a le plus appris de la soirée.

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